Un vase peut communiquer avec sa feuillée par une eau nourrice.
Ces derniers jours ma feuillée était pâle et fêlée.
Par son attention, François Bonneau a su m’ouvrir des vannes, j’en ai rempli ce vase, posé en équilibre sur son blog http://irregulier.blogspot.fr.
François, lui, me fait la joie de déposer un vase débordant sur mon site, http://evedelaudec.fr/?page_id=525
Je lui promets de ne pas le renverser, c’est si fragile une feuillée envasée…
Eve de Laudec
Un autre interminable cou
Ça n’est pas si fréquent. Mais quelqu’un l’a surpris : quand l’Hydre se nettoie, pas question qu’elle en reste à la périphérie de sa personne immense.
Comme un début à tout, elle vide son habitat, lance par-dessus bord ce qui tombe sous ses pattes. Puis elle ouvre les vannes, l’Hydre n’a pas peur d’un détournement de fleuve, ne s’embarrasse pas. Elle arrose et projette ensuite, à tout va, à grande eau, vaporise au geyser, éclaboussant sa résidence, que les parois ruissellent. Et enfin, elle peut passer à elle-même.
Aux écailles, aux oreilles dont elle a des brassées, aux canines et aux cils, aux faux plis, au bassin, aux quelques griffes, aux fronts. Coquetterie à part, elle s’éponge d’un buisson et frotte encore un peu, poitrail et coccyx, encore un autre interminable cou.
Elle ne se savait pas frileuse, et le découvre d’un coup. La voilà saisie, et entre chaque écaille lui semble ruisseler, tandis qu’elle récure ses membres interminables, une poudre de banquise.
Elle rentre alors en elle. Ce poison qu’elle expire, elle le ravale. Et inspire ses vapeurs, toxiques, rien qu’à elle. Elle se voit propulsée dedans ses propres veines, y plonge, méthodique, et parmi ses artères, se souffle, intérieure, se réchauffe du dedans, s’insinue le venin au plus profond d’elle-même et se brûle, en brillant des yeux éparpillés, se fane, pour un temps, propre enfin, étourdie. L’Hydre se révèle saule ruisselant, ses têtes retombant tout autour de son tronc, fontaine momentanée qui sèchera trop vite.
François Bonneau – Vase co vendredi 4 octobre 2013
