Ma rentrée littéraire

Ma rentrée littéraire
Difficile, ardue, périlleuse
Une chape de blond s’étend sur mes neurones
J’émerge, lourde, imbibée des jours passés sous crilence
L’ébouriffement de ma lassitude laisse des traces sombres sur mon clavier
Je tente de m’étirer dans un bâillement de mains
J’époumone mon air, j’aère mon aire
Mes doigts s’ébrouent comme ceux d’un ostéopathe qui chasse la douleur
J’essore mes écrilises spongieuses gorgées de vide
Oui, il faut s’y remettre pour ne pas perdre le rythme,
Tap tap tap tap tap tap
Tapotage gymnique pour repousser le blanc de l’écran comme on repousse les petites peaux des ongles avant de les lustrer
Il est temps,
Trop de mutisme nuit
Trop de nuits minutent
Ce temps
Passé à attendre
Qu’elle revienne, elle, la muse
Comme si dame Elandelame se cachait quand le monde gronde
Curieusement ma parole, aussi, a été prise en otage, au même moment
Mutisme de l’angoisse,
Sale blocage de l’esprit, sale blocage du corps, recroquevillés autour du nombril pour expier une faute que d’autres ont peut-être commise,
asphyxie incontrôlable des yeux incapables de voir que chaque matin suivait chaque matin,
Avis chaque matin, avis, infos, avis, à vie, la vie oui, il faut,
Aussi pour moi, pour raconter, je n’ai que mes mots
Je n’ai que m’écrit, pour dire, pour être,
Alors je reviens
Je rentre
Littéraire.

Eve de Laudec
27 septembre 2010