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Une dernière vague

Non, je ne les attendais pas. Elles sont arrivées, un matin, brutalement.

J’ai entendu la porte d’entrée claquer, violemment, et un courant d’air s’est retrouvé coincé.

Elles se tenaient là, dans l’entrée. Elles ont posé les valises. Brutalement. Sans ménagement. Les valises se sont répandues. N’était-ce donc pas des malles, pour contenir autant de souvenirs ? Des témoignages de tant de vies passées ailleurs et ici. Je crois n’avoir jamais vu autant de petits paquets qui, comme diables en boite, surgissaient, imprimaient à mes yeux ébahis leurs inaltérables histoires.

Et elles se sont installées. Sans façon, sans aucune autorisation de ma part, ni de mon supérieur, elles ont envahi mon espace avec un sans-gêne insolent, en me disant :

- Tout ce temps qu’on a passé à rire, à en avoir les zygomatiques étirés, maintenant on en a marre, nous nous achetons une conduite ! Alors comme tu as de l’humour, on s’est dit que tu te plierais de rire en nous voyant arriver !

- Moi, rigoler? Et c’est chez moi que vous avez choisi de vous fendre la poire ? De sillonner ma pomme ? Il n’y a pas assez d’ ailleurs pour que vous veniez m’emmerder chez moi ? Me coller aux basses quêtes ? Vous croyez que je vais prendre mon pied à coulisse avec vous ? Vous pendre à mes basques, à mes frasques, à mes fresques, à mes bisques d’home-art ?

- Ecoute, Justine, on t’a fichu la paix pendant des années, alors qu’on aurait bien pu débarquer en Afrique, quand tu te dorais au soleil, sans te soucier de nous le moins du monde ! T’es-tu demandé, un seul instant, ce qu’on devenait, à ce moment-là ?

- Allez-y, racontez, maintenant que vous êtes là !

- Nous, nous sommes restées dans le froid gerçant ! Une vieille décatie nous a recueillies en échange de longs et fastidieux services qu’elle nous jetait à la face ! Un travail épuisant pour si peu de satisfaction ni reconnaissance ! Même pas payé en retour ! On se sentait craqueler de jour en jour.

Puis elle jour elle est partie, la vioque, enfin ils ont dit « la chère disparue », nous laissant seules comme peau de chagrin. Sans travail. Sans ressource, ni source. Tu sais bien qu’on ne peut pas vivre seules !

- N’allez pas croire que mon amour pour vous me colle à la peau ! Loin de là ! D’ailleurs vous me dégoûtez, toutes autant que vous êtes, avec votre manie de vous imposer sans même prévenir ! En plus, faut que je m’organise, Vous croyez que j’ai la place de vous garder ? Ni place, ni envie ! Et arrêtez de geindre en me rappelant ma grand-mère ! Vous l’avez aussi bousillée, vous en souvenez-vous ?

Me suis-je à peine retournée qu’elles se sont implantées.

Impossibles à déloger, je n’ai pas la force de les bouter hors de mon territoire qu’elles ont déjà marqué en s’inscrustant insidieusement, tachant mon sol avec leurs sales pattes d’oies acariâtres. Pire que des sangsues, ces détestables parentes qui traînent dans leur sillage l’amertume de leur sécheresse !

Déjà plusieurs mois qu’elles squattent chez moi.

Je cherche désespérément quelque endroit pour me détendre, calme, zen, lisse, mais je m’épuise, sur le qui-vive, à surveiller chaque heure le sillage infâme de leurs allées et venues.

Pour me ressourcer j’ai dû creuser chez moi quelques tranchées, profondes, en recréant un système tarabiscoté d’hydratation qui diffuse ma survie par petites pressions régulières, afin qu’elles n’aient pas raison de moi.

Mais elles volent l’oxygène des cellules de mon nid d’abeille, génocident mes humeurs, et je me ratatine de l’intérieur pour ne plus voir onduler devant moi leurs bourrelets flasques disgracieux et froissés…

- Oh ! Mais, ça va pas les filles ? Rendez-moi mes fripes !

- Hé, Justine, on t’emprunte juste ta jupe plissée, celle qui fait des raies en longueur !

- Et puis quoi encore ! Et retirez vos mains de mes poches ! Vous les déformez !

Elles me dépouillent.
Elles passent aussi leur temps à mâcher avec force bruissement de vieux morceaux de couenne que je pensais encore tendres, mais qui se rabougrissent au contact de leurs mâchoires. J’éprouve un profond dégoût à les voir œuvrer.

Peut-être devrai-je me munir d’un scalpel pour me défendre ?

Hier, elles ont tenté d’enserrer mon cou.

Je les surveille en permanence, je me protège de leurs feintes, de leurs fentes, de leurs fouilles, alors elles attaquent de biais, en travers, insidieusement, en silence, mine de rien, mine effilée, aiguisée pointue, elles trouent à petites doses et déposent dans mes interstices leur sale venin brou de noix qui m’empoisonne.


Voilà, je sens que c’est foutu.

Elles se sont confectionné des bures à plis ocremort, comme pour célébrer un sacrifice démoniaque. Plus rien de superficiel maintenant, elles rampent vers moi, affaissent la commissure de leurs gestes, enfouissent dans les fissures leur malveillance tavelée,

Gravissent mes creux, mes plaies et mes bosses qu’elles ravinent avec délectation, leur expression se délite,

Elles ondulent sur la dernière vague d’une moue sensuelle qu’elles étirent … froncée, flétrie, finie…



Putains de rides !



Eve de Laudec 15 décembre 2011

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