novembre 2012

Dans le cadre des vases communicants de novembre, Brigitte Celerier et moi-même nous sommes appuyées sur un coin de table, afin d’en débattre…En toute harmonie!

Voici le texte de Brigitte, le mien se trouve sur son site http://brigetoun.blogspot.com

Nous dédions nos textes et cet échange
à Maryse Hache la merveilleuse qui tant nous manque,
et qui participe tout de même comme prévu aux vases communicants de ce mois

Sur un coin de table

Sur un coin de table, j’ai posé une fesse

L’était grande, rechampie de blanc, l’était un peu trop haute, et je devais m’appuyer sur la pointe de mon pied droit, tordue un peu – le balancement de ma jambe gauche n’était pas aussi décontracté que l’aurais voulu, mais tant pis elle était telle, l’acceptais.

Sur un coin de table, j’ai posé une fesse

L’était à la limite d’une terrasse, et la rue et sa vie devant elle – regardais sans voir, comme un long bâillement refréné, blottie dans une indifférence rêveuse – et la rue et sa vie devant elle, insistant, avec de furtifs éclats, une couleur, une drôlerie, un chatouillement qui sollicitait.

Devant mon coin de table, il y avait la rue

Un peu de la ville, un peu du port, et l’ouverture au loin dans le bleu sombre de la mer – voitures qui roulent lentement, l’irruption brutale d’une musique boum boum, une voiture rutilante, des bras posés sur portière, des profils jeunes, durs, impassibles, au plan suivant parfois un vélo mené d’un sourire fier ou l’élan d’une mobylette joyeusement pétaradante, et juste avant le parapet, juste avant la mer citadine, les passants, flâneurs ou pressés

Devant mon coin de table, il y avait la rue

Un sourire qui illumine, accroche une seconde le regard, des groupes neutres, une démarche lasse raidie dignement, et puis juste devant moi, l’assurance laquée d’une femme sans âge suivie d’un homme rendu invisible, elle se retourne, pose sa main sur son bras, parle, le pose contre le parapet, descend l’escalier vers la mer – il reste là, vacant, il regarde un oiseau qui raye comme un coup d’archet le bleu, ses yeux redescendent, touchent la table, il est vacant, un peu égaré peut-être

Sur ce coin de table, étais assise

bien franchement, parce que plus confortable – il vient, s’assied à côté de moi, et il parle, il parle en regardant la brèche dans le parapet, la brèche par laquelle est descendue la femme, un torrent de paroles, cela se plaint, un peu, cela grogne, cela jure avec des mots étranges et violents, et je ne comprends rien – comme une langue étrangère, des mots qui viennent pour ce que je ne devine pas – je souris presque, pas tout à fait, juste pour le laisser dire – et le temps passe que je n’ose pas briser – elle remonte, elle le regarde, il se lève, il l’a rejointe, ils sont partis

Sur ce coin de table, étais assise

Le soir monte, un peu rosé – deux femmes juste devant la table en grande discussion, des enfants qui attendent, ils me regardent, je prends une feuille, je dessine un oiseau, je prends une feuille, je dessine un oiseau, enfin pas un oiseau, sais pas, un envol… ils dessinent aussi, et puis nous les jetons, nous les regardons s’envoler… les mères repartent, ils les suivent après un adieu poli et moi je m’en va porter ce n’importe quoi à Eve de Laudec http://www.evedelaudec.fr/ en espérant avec inconscience son indulgence.

J’aurais dû me méfier de mon réflexe qui m’a fait dire : j’ai posé une fesse dès que j’ai pensé table, ne savais où cela me conduirait, et ce ne fut nulle part.

Brigitte Celerier

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1 commentaires sur “novembre 2012

  1. admin says:

    10.11.2012 15:24 Eve de Laudec
    En effet les commentaires étaient auparavant accessibles uniquement dans le bas de la page commune, nous avons recréé une page séparée dédiée à chaque mois, donc les compteurs ont été remis à zéro, mais en réalité tu as bénéficié de 560 visites depuis que j’ai mis ton texte en ligne! J’avais relevé le compteur à ce moment, il était à 1070… il est maintenant à 1630! Ce qui correspond à peu près à la moyenne des visites des autres textes vasesco depuis que j’y participe. J’aurais dû faire cette rectif de page plus tôt, mais j’en demande beaucoup déjà à mon très cher webmaster 🙂 Donc félicitations Brigitte pour ces visites, tu es appréciée et je m’en réjouis! Bisous

    10.11.2012 12:49 brigitte celerier
    je trouve enfin comment mettre un commentaire chez toi et peux te remercier pour cet échange et cet hébergement 40 lectures, une petite gloire (sourire)

    Répondre

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