Eyasi

 

Eyasi

Les flamants dégorgent lilas au bord du lit dont les linges défaits se répandent en lac

Las Eyasi tu étouffes

Les lacis de jacinthes ont souillé ta lagune
Mêlés à la laitance de tilapias lascifs
Et l’eau se perd
Aux larmes du lamantin égaré languissant impuissant tel un monstre de légende à conter

Eyasi

Quand les limbes du jour descendent des sommets
A l’heure où le ciel en lave étend son lavis lie-de-vin et lèche à grands coups de langue limonite la savane lézardée
S’insinue comme un leurre dans l’ocre des volcans
Enterre de sienne brûlée la fournaise
Apaise le cinabre et flatte en vermillon
Lorsque commencent à vibrer en amalgame les peaux retendues et la mélopée des crapauds buffle

Alors tu te réveilles
Eyasi

Seuls les lampyres étoilés ou les yeux des léopards éclairent les lapilli rocheux
Et loin très loin les lueurs du lodge

Aux confins de l’ouest
Les cloches glabres du lazaret lancent leur appel
Létal

Les aigles ravisseurs attisent leurs ailes à l’aplomb du cratère pour disputer aux chacals ricanant
En longues lanières
Les carcasses de colobe écervelé ou d’impala aventureux
Que le grand Rugissant a délaissées

Eyasi
Le crépuscule voile tes lésions
Et le marabout laisse enfin voyager tes rêves
De lune rousse.

 

Eve de Laudec
Extrait du recueil Les petites pièces rapportées, Chum Editions 2014

 

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